Le président du PASTEF sur la visite économique Macky en Casamance : « Le chef de l’État est dans une tournée ininterrompue… »

La tournée économique déjà enclenchée dans la partie sud du pays, que beaucoup de personne considèrent comme une « campagne électorale » avant terme, suscite beaucoup d’interrogations chez quelques hommes du pays. Pour le président du PASTEF, cette tournée n’a rien à voir avec l’économie et que les milliards de francs CFA déjà annoncés depuis plus de deux  ans ne sont que chimères.

Le président du PASTEF, Ousmane Soncko, en tant expert au ministère de l’Économie et des Finances, ne peut pas comprendre que la tournée du chef de l’État en Casamance est économique. Selon lui, elle est purement politique.

« Je considère que le président macky Sall est dans une tournée politique ininterrompue en Casamance, avec malheureusement des leurres ». Et d’ajouter : « En tout état de cause je considère que c’est une tournée politique dans une région qui est longtemps laissée pour compte comme toutes les autres région du Sénégal, hors des éléments de concentration des investissements dans la politique du pays et même dans ce qu’il est en train de faire en créant une ville nouvelle dans le pôle de Diamniadio ».

Le président du PASTEF a fait part que  la presqu’île du Cap-Vert n’a pas besoin de ville nouvelle. « Pourquoi ne faut-il pas la faire à Diourbel, à Ziguinchor ou ailleurs pour fixer les populations. Dakar, Thiès et Diourbel c’est plus de 52 % de la population sénégalaise, mais ils vont le faire à Diamniodio, tous les gens qui restaient dans ces localités vont venir parce qu’ils n’auront pas de quoi vivre là-bas.

On risque d’avoir 65 % de la population sur moins de 5 % du territoire national ». Le développement c’est cela d’abord, vous allez au Maroc ils ont construit des pôles à Tanger, Rabat, Fez, entre autres, avec une distance minimum de 90 kilomètres qui les séparent.

L’État ne peut pas construire un pôle à Diamniadio au détriment de l’intérieur du pays. « À Ziguinchor, certes ce n’est pas un stade que la région a besoin, mais ces problèmes sont beaucoup plus complexes ».

Ce dernier n’est pas en phase avec le président de la République qui est allé faire un conseil des ministres décentralisé à Ziguinchor, il y a deux ans qui avait annoncé 322 milliards F CFA pour la région.

Il est reparti l’année dernière en annonçant 22 milliards F CFA et pour cette tournée économique dans la région de la Casamance entamée depuis quelques jours il a encore annoncé 360 milliards F CFA.

« Et aucun de ces milliards n’est encore arrivé en Casamance », parce que nous savons tous que tout ce qu’il inaugure a été validé et financé sur l’ère du président Wade. Que se soit la réfection du stade, il faut savoir que les Chinois avaient signé pour la réfection de huit stades régionaux. « Je ne sais pas pourquoi il fait tout ce chaut à Ziguinchor ».

C’est le cas des bateaux qui ont été acquis sous l’ère de l’ancien régime et du central de Boutoute qui est un élément du Plan Takkal tant décrié par le régime en place.

« Je ne vois pas aujourd’hui quel est l’acte fort, le projet que le président Macky Sall a réalisé dans la région sud ». Maintenant il fait des promesses en disant que le chemin de fer Ziguinchor-Tambacounda sera ma priorité. « Attendons d’y voir plus claire », a-t-il réitéré.

Avant de poursuivre : « On nous apprend aussi qu’ils vont faire le pont de Farafégny et on attend sur quel montage il sera réalisé apparemment c’est la BAD qui finance est-ce-que c’est le Sénégal qui support ou son voisin gambien, est-ce-que c’est partagé pour le moment on ne sait pas.

On nous a dit qu’il y a une entreprise qui est choisie pour la construction de cet édifice, est-ce qu’il y a appel d’offre, nous attendons de voir qu’est-ce qu’il y a dans ce dossier.

Acte III de la décentralisation, un moyen d’asphyxier les collectivités

Pour nous c’est une tournée politique dans une région qu’il a déjà perdu lors des dernières élections locales qu’il essaye de récupérer avec des projets qui ne lui appartiennent pas, avec son fameux Acte III de la décentralisation qui est une mauvaise réforme pour asphyxier les collectivités locales qui refusent de rejoindre l’Alliance pour la République du président Macky.

« C’est honteux dans un pays comme le Sénégal qu’on procède ainsi », s’indigne M. Soncko. Selon toujours lui, l’acte III de la décentralisation a aggravé la situation. Le seul problème de la décentralisation au Sénégal c’était la viabilité financière des communes, des collectivités locales.

Vous ne pouvez pas avoir une décentralisation viable avec 3 % de la Tva que se partagent les collectivités locales dans le fonds de dotation. Le Maroc a 20 %, le Mali a 15 %.

Nous avons maintenant plus de 700 collectivités locales et les région qui posaient problème sont au nombre de douze et elles n’étaient pas viables parce qu’elles n’avaient pas de revenus, maintenant nous avons 45 départements qui les remplacent et qui continuent à se partager un petit fonds de dotation.

Macky veut récupérer toutes les collectivités locales et ce n’est par hasard  qu’il dit « je veux avoir l’exécutif national et mon petit frère l’exécutif décentralisé. Aliou Sall président de l’AMS, moi président de la République et on va mailler tout pour récupérer le pays. C’est de la tricherie politique.

On ne peut pas gouverner un pays comme ça », a-t-il réitéré. Avant d’enfoncer le clou : « cette tournée est politique et n’a rien à voir avec une tournée économique. Les Casamançais doivent en avoir marre des promesses.

On les a promis des centaines milliards qui ne verront jamais, parce que techniquement l’État na pas ces moyens ».

Affaire des 5 milliards F CFA d’emprunt obligataire

En droite ligne, nous savons qu’une partie de la réforme notamment la question de la ville, il y avait des soubassements politiques. Le régime considère qu’il ne peut pas perdre une ville comme Dakar et après tout le reste s’en suit.

Parce qu’on ne sait pas comment les élus seront choisis, ensuite c’est le président de la république qui va décréter la collectivité qui sera ville et celle qui ne le sera. C’est pourquoi le président macky ne veut pas des institutions qui ne doivent pas être laissées à la manipulation d’un groupe.

Un emprunt obligataire est un couteau à double tranchant un fonds que vous allez disposer tout de suite mais que vous allez rembourser avec un double intérêt. « Tout cela est consécutif à cette mauvaise réforme de l’acte III de la décentralisation ».

Idrissa Diop

Michel DIEYE

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