Le drame continu de 136 ex-travailleurs de Hamo

Pendant des années, ils ont dû se contenter de la moitié de leur salaire. Voire même de moins. 17 ans après la liquidation de la Société des habitations modernes (Hamo), les 136 ex-travailleurs réclament le paiement de leurs arriérés de salaire. Seulement, les autorités n’ont pas la même lecture de la situation. Dans une lettre envoyée au collectif en mars dernier, le ministre de l’Economie et des finances écrit que Hamo est une société privée et que donc, sa liquidation s’est faite par voie judiciaire suivant les règles du droit privé. Ce que conteste le collectif.
Les ex-travailleurs de la société immobilière Hamo sont loin encore de voir le bout du tunnel. Dans le contentieux qui les oppose à l’Etat du Sénégal depuis bientôt 17 ans, ils viennent de recevoir un coup dur. En effet, dans une correspondance datée de mars dernier, le ministre de l’Economie, des finances et du plan, Amadou Ba,  dégage les responsabilités de l’Etat dans ce contentieux portant sur des arriérés de salaire d’un montant estimé à 302 millions 947 mille 228 francs Cfa.

«Je voudrais porter à votre attention que la société Hamo était une entreprise privée. En conséquence, sa liquidation s’est faite par voie judiciaire suivant les règles du droit privé», écrit  Amadou Ba en réponse à une saisine du Premier ministre Mouhammad Boun Abdallah Dionne.
En visite à la rédaction du journal Le Quotidien, des membres du collectif des 136 ex-travailleurs de Hamo rejettent cette position du ministre. Selon Serigne Ndoye et Madoumbé Diop, Hamo est bel et bien une société publique. Preuves à l’appui, Serigne Ndoye, président du collectif, s’indigne de cette sentence du ministre.

«Tout ce qui se passait dans Hamo, c’était l’Etat», fustige M. Ndoye en brandissant des arrêtés de nomination pris par l’Etat pour installer l’ancien maire de Guédiawaye, Cherif Macky Sall, à la tête du Conseil d’administration de la société immobilière. «L’Etat n’a rien à voir avec la société Hamo, d’accord.

Mais pourquoi dans ces conditions, l’Etat se permet par le canal du Premier ministre d’alors, M. Habib Thiam, de saisir Amath Dansokho qui était le ministre de l’Urbanisme pour lui demander de nommer M. Chérif Macky Sall, précédemment directeur général de Hamo en qualité de président du Conseil d’administration de la même société», s’interroge M. Ndoye.
Le collectif rejette les arguments de Amadou Ba  Il ajoute également que c’est sur proposition du ministre de l’Urbanisme que le président de la République a nommé Alioune Badara Niang au poste de directeur général.

Ce n’est pas tout. Puisque dans les documents que détient le collectif, il apparaît que l’Etat a, en son temps, débloqué plus de 8 milliards F Cfa pour solder des arriérés de cotisations sociales pour des entreprises publiques dont Hamo. Autant de raisons qui poussent les 136 ex-travailleurs de Hamo à rejeter en bloc, les conclusions du ministre de l’Economie Amadou Ba.

«C’est un problème qui est vieux de 17 ans. Nous avons saisi les régimes qui se sont succédé à la tête de ce pays et jusqu’à présent, force est de constater que leur intention ne milite guère en notre faveur. On est vraiment fatigués et on demande juste qu’on nous rende justice»,  s’indigne Madoumbé Diop.
«On ne percevait plus l’intégralité de nos salaires» La société Hamo a été liquidée le 30 avril 1998. Mais, explique M. Ndoye, avant d’en arriver là, les travailleurs ont dû se rationner et se contenter de «demi salaires» et même parfois de moins. «A partir de 1993, on était dans les difficultés à Hamo. A telle enseigne que l’on ne percevait plus l’intégralité de nos salaires. Et en 97, quand la situation s’est encore dégradée, les agents de maîtrise et les cadres ne percevaient plus que 50 000 F le mois et 25 000 pour les autres. Quand la société a été liquidée, on a calculé les reliquats de salaires qu’on nous devait et c’est ce qu’on réclame aujourd’hui», explique M. Ndoye.

Malheureusement, des problèmes liés à la désignation d’un liquidateur sont venus envenimer la situation. Et c’est ce qui pousse ces travailleurs, désormais à la retraite, à pousser un cri du cœur afin de rentrer dans leurs droits. Depuis des années que dure ce conflit, les ex-travailleurs de Hamo ont fait la valse entre les autorités pour se faire entendre. Pendant ce temps, une bonne dizaine parmi les ayants droit ont déjà quitté ce monde.

Source ‘’LeQuotidien.sn’’

Michel DIEYE

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