Le code de la presse voté : Et après ?

Le code de la presse est voté et c’est l’euphorie générale : les professionnels de l’information et de la communication applaudissent, mais dénoncent les menaces sur la liberté de presse du fait du renforcement des sanctions privatives et des sanctions pécuniaires. Les députés se glorifient des avancées obtenues au cours de leur mandat. Le public espère assister enfin à la fin des énormes dérives auxquelles il commence malheureusement à s’habituer.
Aujourd’hui l’accès à la profession est bien encadrée, l’exercice de la profession normé, les conditions de création et l’environnement des entreprises de presse écrite, parlée, filmée et celle en ligne bien définis, les pouvoirs des organes de régulation et d’autorégulation renforcés, le financement conséquent du service public bien pris en compte, le fonds de financement de la presse privée créé.
Et après ?
Les professionnels se sont bien battus pour son adoption, mais ce qui les intéresse surtout c’est l’application effective de toutes ces dispositions, c’est la fin des usurpations de fonction, c’est l’exercice de leur profession dans de meilleures conditions de travail, c’est, last but not least, l’opportunité de vivre décemment de l’exercice de leur métier. Justement, au moment où l’entreprise de presse accède au fonds d’appui, quelle sera la garantie que tous les droits des travailleurs auront été respectés ? Quel sera le rôle des institutions sociales (Caisse de Sécurité Sociale, IPRES, Direction du Travail et de la Sécurité Sociale) dans ce cadre bien précis?
La priorité, sans nul doute, est la mise en place de la commission de la carte nationale de presse, par laquelle passera tout le processus d’assainissement du milieu professionnel.
Les organisations professionnelles sont interpelées: SYNPICS, CDEPS ou même la CAP qui les fédère toutes.
Tout ce qui tourne autour de ce code devra être partagé avec les acteurs de la presse, pour que nul n’en ignore : les rédactions, les organisations professionnelles de la presse, les patrons de presse. Un travail de lobbying devra être mené à l’endroit de tous acteurs impliqués dans la mise en œuvre des dispositions, des alliances nouées, notamment avec les organismes de défense des droits humains et les organisations de défense des consommateurs.
Le discours devra se focaliser sur ces questions et il ne faudra surtout pas continuer à mener un débat stérile sur la question de la dépénalisation, quel que soit le niveau de la frustration née des amendements introduits dans le texte.
Les hommes politiques par le biais de l’Assemblée Nationale votent les lois, mais les hommes chargés de les appliquer, les magistrats, sont suffisamment lucides pour dire le droit au nom et dans l’intérêt du peuple sénégalais. Il faut absolument leur faire confiance.
L’heure de la dépénalisation des délits de presse sonnera plus tard : d’autres acteurs, à une autre époque, dans un autre contexte, en décideront. Alors de grâce, patience!
Amadou Moustapha DIOP
Ancien secrétaire administratif national du SYNPICS

Saër DIAL

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