Gambie Une nouvelle mission prévue, un ministre et 12 ambassadeurs limogés

Les Etats d’Afrique de l’Ouest, qui appellent Yahya Jammeh à céder le pouvoir en Gambie, ont annoncé lundi l’envoi d’une nouvelle mission à Banjul, où Jammeh a limogé son ministre de la Communication ainsi que douze ambassadeurs qui avaient félicité le président élu Adama Barrow.

Ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest de moins de deux millions d’habitants traverse une crise née de l’élection présidentielle du 1er décembre: Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 1994, a annoncé le 9 décembre qu’il ne reconnaissait plus sa défaite, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.

Depuis son revirement, M. Jammeh subit de nombreuse pressions extérieures, notamment de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays), pour quitter le pouvoir le 19 janvier, après l’expiration de son mandat.

Sourd aux pressions, Yahya Jammeh a assuré le 20 décembre qu’il ne céderait pas le pouvoir tant que la Cour suprême n’aurait pas statué sur ses recours électoraux. Et le 31 décembre, il a accusé la CEDEAO de partialité et exclu toute négociation avec elle.

– Un ministre remplacé –

Persistant dans ce refus, il a limogé et rappelé à Banjul douze ambassadeurs accrédités à l’étranger, qui lui avaient demandé fin décembre de céder le pouvoir, a indiqué lundi à l’AFP une source au ministère gambien des Affaires étrangères.

De même source, tous avaient « félicité le président élu Adama Barrow pour sa victoire ». Parmi eux, figurent les ambassadeurs au Sénégal – unique voisin terrestre de la Gambie -, aux Etats-Unis, à l’ONU, en Russie et en Grande-Bretagne.

Lundi soir, selon un communiqué diffusé par les médias d’Etat, M. Jammeh a aussi mis fin aux fonctions de Sheriff Bojang, qui était depuis deux ans ministre de l’Information et de la Communication, et l’a remplacé par un député, Seedy Njie. Aucune explication n’a été fournie.

Par ailleurs, la justice a ordonné lundi la libération sous caution d’un ex-responsable de la radio-télévision d’Etat, Momodou Sabally, arrêté par l’Agence nationale du renseignement (NIA) le 8 novembre. Informé de cette décision, la NIA a refusé d’obtempérer, a indiqué à l’AFP une source judiciaire.

Ces différentes annonces interviennent à la veille de l’examen par la Cour suprême du recours du parti de M. Jammeh. Mais des incertitudes planent sur cette audience, plusieurs juges non gambiens pressentis n’ayant pas officiellement accepté d’y siéger.

La Gambie fait souvent appel à des magistrats d’autres pays anglophones pour renforcer son système judiciaire. « Nous attendions des juges du Nigeria et de Sierra Leone » par un vol lundi, « ils ne sont pas venus », a indiqué à l’AFP une source judiciaire.

La Cour suprême est actuellement présidée par un Nigérian, Emmanuel Fagbenle.

Par crainte de débordements en Gambie, l’ambassade des Etats-Unis a invité les Américains à la prudence. Dans un communiqué, elle exhorte ceux dont la présence n’est pas « essentielle » à quitter la Gambie et ceux envisageant de s’y rendre à différer leur déplacement.

Source  voaafrique.com

Momar Diack SECK
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