Souvent source de problème, le foncier étale des chiffres impressionnants et assez révélateurs. Selon une étude sur les acquisitions massives de terres agricoles en Afrique menée dans 13 pays, 2 millions 313 411 hectares de terres sont entre les mains des privés.
Cette révélation émane de Mamadou Fall le chargé de programme de l’Innovation, Environnement, Développement / Afrique ( IED), qui s’exprimait au cours d’un atelier sur les transactions foncières à grande échelle en Afrique qui a vu la participation des organisations de la société civile, des chercheurs, des représentants du secteur privé de divers pays d’Afrique et d’ailleurs.
Organisé en cette fin novembre 2015 à Dakar par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), en collaboration avec l’ambassade du Canada sur l’initiative prospective agricole et rurale (IPAR), cette rencontre portait sur les transactions foncières à grande échelle en Afrique. Il vise à contribuer à alimenter le processus de réforme foncière en cours au Sénégal, à travers l’identification de meilleures pratiques équitables, transparentes et· responsables en matière d’investissements dans les terres agricoles.
D’après cette recherche , la proportion des terres acquises par les nationaux en termes de surfaces avec 43% n’est pas négligeable comparée à celle acquise par les non nationaux avec 57%. Pour M. Fall. Il est bon d’améliorer l’agriculture en faisant des investissements agricoles mais il faut voir la manière dont ces investissements sont faits pour que les populations puissent en tirées des bénéfices.
Macodou Sow coordonnateur principal de l’action pour la protection de l’environnement et du développement communautaire, valide pour une formation des autorités administratives et les élus locaux sur le foncier .
Car pour lui, « Il faut commencer par former les autorités administratives et les élus locaux sur le foncier. Tant que cette question n’est pas réglée, on peut parler de bonne gouvernance foncière. On peut investir dans l’agriculture sans pourtant donner la terre à ces investisseurs et il y a des modèles qui existent ».
C’est pourquoi selon lui, une réflexion doit se porter à ce niveau pour voir quel est le modèle agricole le plus approprié pour éviter que les terres se retrouvent entre les mains des privés au détriment des populations locales qui n’ont que la terre pour vivre » a fait savoir le chargé de programme de l’IED / Afrique.
De son coté, Marieme Sow , présidente du conseil d’administration d’Enda /Pronat a donné sa propre conviction par rapport la question foncière .
« Négocions avec l’Etat pour qu’il y ait des politiques foncières et agricoles qui règlent nos problèmes. Ce sont ces négociations qu’il faut donner aux populations mais négocier pour libérer des hectares de terres au profit de l’argent ne servira rien pour la génération future », martèle-t- elle devant l’assistance. Selon Mme Sow, si l’Afrique continue de distribuer des milliers d’hectares à des investisseurs qui cherchent des profits, elle continuera toujours à tendre la main.