Essor des femmes et filles en Afrique de l’ouest Décryptage des principaux défis et obstacles ralentisseurs

Axée sur le thème « Participation politique et enjeux de l’emploi des femmes et des filles ouest africaines face aux défis de l’autonomisation : Une priorité de la Vision 2020 de la CEDEAO », la journée Portes Ouvertes (JPO)  organisée par le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG) a été un cadre approprié pour une estimation des avancées et acquis des actes posés pour Femme et Filles de la sous-région.

Mais en marge de la cérémonie, interpellés par votre site www.lactuacho.com, Mme Sandra Oulaté, Directrice de la CEDEAO pour le développement du Genre (CCDG), Mme Fatou Sow, sociologue, représentante du Musée de la Femme Henriette Bathily et M. Babacar Ba, responsable adjoint du Bureau national de la CEDEAO, sont revenus tour-à-tour sur les principaux défis et obstacles qui ralentissent l’essor des femmes et filles en Afrique de l’Ouest.

CEDEAO JIF 2

Pour Mme Sandra Oulaté, Directrice de la CEDEAO pour le développement du Genre (CCDG) basée à Dakar, leurs interventions sont  très visibles à travers le soutien apporté dans certains programmes comme les Bourses d’Excellence, la fistule obstétricale  (NDLR une ulcération pathologique ou congénitale en forme de canal étroit, qui met en communication un organe interne avec une cavité, un autre organe ou la peau), la Bonne gouvernance, la Santé…

Mais selon Mme Sandra Oulaté, il demeure de nombreux défis en termes d’accès à l’éducation, d’amélioration du pouvoir économique des femmes. « Ces  problèmes soulevés renforcent d’ailleurs les résolutions prises par la CEDEAO, pour à défaut d’une éradication à zéro, apporter petit-à-petit des solutions aux plus ponctuels à travers des actes concrets ».

Mme Fatou Sow, sociologue, professeur d’enseignement supérieur et chercheuse, travaillant avec le Musée de la Femme Henriette Bathily, revenant sur l’autonomisation des femmes, dénote une mauvaise traduction d’un concept qui vise à octroyer davantage de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques auxquelles ils sont confrontés. Au marché, dans la transformation, dans les entreprises artisanales, les femmes sont autonomes. Mais elles ont besoin d’être soutenues dans leurs activités via des moyens matériels, techniques et financiers, a-t-elle plaidoyé.

L’autre aspect, selon la sociologue, est que malgré les actes posés par les états, organismes et structures, il y a nécessité de changer la vision de la Société en général. « Car les femmes, en général, ne sont jamais considérées comme de vraies entrepreneures. Car élargir l’entreprenariat est difficile face à plusieurs freins dont l’analphabétisme, le faible niveau d’étude, qui étaient des clichés envers les femmes, bien qu’elles soient déjà au sein des entreprises.  Pourquoi ? Parce qu’elles sont classées dans le secteur dit informel, alors que c’est ce secteur qui nourrit les populations en Afrique ».

Pour M. Babacar Ba, responsable adjoint du Bureau national de la CEDEAO, des défis identifiés ont trouvé réponses à travers l’adoption d’une politique révisée en 2016, ici à Dakar, via l’acte additionnel sur l’égalité des droits hommes-femmes pour un développement durable. Donc une question prioritaire de la CEDEAO.

Mais selon lui, le premier défi dans le déploiement de la stratégie est la nécessité de cohérence dans les différentes interventions sur le plan socioéconomique. Il s’agit de voir comment relever le pouvoir économique des femmes, mais aussi améliorer la situation juridique te politique qui les concernent.

« Un autre défi à relever est l’implication des différentes parties prenantes, car le genre ne concerne pas seulement les femmes. Il y a une nécessité de sensibilisation pour plus de démocratie dans ce cadre. »

« Si on regarde la pauvreté sur l’échelle des pays, la pauvreté est plus ressentie en milieu rural qu’en milieu urbain. Car les femmes en milieu rural font face à plus de difficultés que les sœurs citadines. Cela rend plus difficiles les déploiements des politiques en milieu rural, car elles n’ont pas les mêmes conditions socioéconomiques, le même niveau d’alphabétisation, ce qui joue dans la mise en œuvre des programmes déployés. », explique M. Bâ sur un autre aspect.

C’est, selon lui, ce que la CEDEAO a compris à travers leurs besoins d’accès à la terre, de renforcement sur le plan juridique pour une meilleure compréhension de leurs droits pour les exercer, mais aussi pour pouvoir développer des activités propres. De nombreux programmes ont été établis par la CEDEAO, mais au niveau des femmes transformatrices, le financement pose toujours problème. Des fonds ont été mobilisés, mais ce n’est jamais suffisant.

Le faible taux de scolarisation des filles en milieu rural a aussi été évoqué, bien que pistes de solutions commencent à être dégagées.

Michel DIEYE

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Michel DIEYE

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