Espèces protégées menacées : le serpentaire messager disparaît pour cause de chasse illicite

Le serpentaire messager, oiseau élégant, se fait rare au Togo. Ceci, à cause de la chasse illicite qui menace les 133 espèces d’oiseaux au Togo. Cet oiseau de grande taille qui vit dans les forêts des préfectures de Kloto et de Blitta, est chassé pour sa chair et aussi pour des rituels.

C’est une espèce unique en son genre, du fait de son corps de rapace et de ses longues pattes d’échassier. On ne peut le confondre avec d’autres oiseaux de proie. En effet, aucun autre membre des rapaces ne lui ressemble. Son comportement, essentiellement terrestre, est également unique pour un rapace africain.

De par sa silhouette, sa couleur grise et son comportement, il peut être confondu avec certaines grues.  La tête, au sommet d’un cou assez allongé, est relativement petite. Le bec gris clair est fort et crochu. Un masque facial rouge orangé, dépourvu de plume, entoure les yeux. À l’arrière de la tête, il a une crête constituée de grandes plumes noires légèrement spatulées.

Cet oiseau partiellement migrateur se nourrit de sauterelles, scarabées, araignées, scorpions, guêpes, de petits mammifères, tels que les souris, rats, hérissons, lièvres et mangoustes.

«Il est chassé et harcelé partout au Togo. La reproduction du serpentaire est en effet limitée puisque la femelle pond deux à trois œufs dans l’année, entre les mois de mars et août, et la couvaison (qui est partagée entre le mâle et la femelle), dure de 42 à 46 jours», a expliqué Helena, membre de l’Association des volontaires pour l’environnement sain (AVES), une ONG locale à Kpalimé.

Un jeune chasseur, qui a bien voulu s’exprimer, a déclaré qu’il avait tué un serpentaire il ya trois ans dans les montagnes togolaises. «Je chassais dans les montagnes quand j’ai l’ai aperçu. J’ai tout fait pour l’abattre et j’y suis parvenu. Le même jour, j’ai traversé la frontière pour le vendre à Kpédze au Ghana. C’est un influent marabout qui l’a payé parce qu’il devait l’utiliser rituellement pour guérir un malade. Il m’a payé en cedis (monnaie ghanéenne), l’équivalent de 120.000 francs CFA. Je ne savais pas alors que c’était un oiseau protégé », confie-t-il.

Pourtant, cet oiseau joue un rôle fondamental dans l’équilibre de l’écosystème comme le mentionne la liste rouge des écosystèmes de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publié en 2015.

« Dans les écosystèmes forestiers, les rapaces comme le serpentaire, font partie de la chaine alimentaire et maintiennent un équilibre au sein de nombreux animaux de la forêt. Le déclin d’un écosystème précède généralement la disparition de ses espèces clés ou dépendantes.», lit-on dans ce rapport.

« L’homme doit continuellement évaluer sa relation actuelle avec la nature. Maints changements se sont produits dans notre environnement et le comportement humain tel que la chasse des oiseaux doit également changer pour que la nature continue de soutenir la vie humaine », a souligné Eugène Koudzo, responsable d’une ONG locale de protection de l’environnement à Kpalimé.

«Les oiseaux sont des indicateurs assez fiables de l’état de santé des milieux naturels. Leur disparition indique que certains espaces ne fonctionnent plus correctement et vont, à terme, dépérir. Les oiseaux nous alertent aussi sur les risques de pollution futurs, de l’eau, des sols», a déclaré ce même responsable, tout en ajoutant qu’au-delà de ce rôle d’indicateur, les oiseaux ont une « valeur de patrimoine que l’on doit protéger ».

Au Togo, selon toujours M. Koudzo, on ne connait pas le nombre exact de serpentaires, car ils sont souvent chassés et même ignorés par bon nombre de la population, comme espèce entièrement protégée par la CITES.

Notons heureusement que l’ordonnance de janvier 1968 réglementant la protection de la faune et l’exercice de la chasse au Togo, accorde au serpentaire, une entière protection contre la chasse et la capture. Si le serpentaire venait à disparaître, la nature africaine perdra à nouveau l’un des maillons essentiels à la survie de son écosystème.

(EAGLE-Togo).

Nicolas Koffigan E. Adigbli

Journaliste, Maître en Communication

Directeur ASPAM, DP « Le Nouvelliste »

 

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