Education/ Rapport la Banque mondiale sur le développement : 3 jalons pour monter que réaliser des progrès importants est possible

Le rapport révèle que lorsque « l’apprentissage pour tous » devient une priorité pour les pays et leurs dirigeants, on peut améliorer considérablement les normes en matière d’éducation. À titre d’illustration, la Corée du Sud est parvenue en 1995 à une scolarisation universelle dans un système d’enseignement de qualité jusqu’au secondaire – ses jeunes étant classés au plus haut niveau par les évaluations internationales des performances scolaires – alors qu’elle était déchirée par la guerre et avait un très faible taux d’alphabétisation au début des années 50. 

Les résultats du Viet Nam à un test de suivi des acquis des élèves du second cycle du secondaire en mathématiques, science et lecture de l’OCDE (dénommé PISA) réalisé en 2012 ont montré que ses jeunes de 15 ans avaient le même niveau que ceux d’Allemagne, alors même que le Viet Nam est un pays nettement plus pauvre.

Grâce à une action concertée des pouvoirs publics, le Pérou a enregistré l’un des taux de croissance les plus rapides des résultats scolaires globaux entre 2009 et 2015. Dans plusieurs pays comme le Libéria, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Tonga, la lecture dans les premières classes du primaire s’est considérablement améliorée en un temps record moyennant des actions ciblées reposant sur des données factuelles et des preuves solides.

« Le seul moyen de faire des progrès est de “rechercher la vérité à partir des faits”. Si nous nous y employons, nous trouverons que les faits concernant l’éducation révèlent une triste réalité. Pour un trop grand nombre d’enfants, scolarisation n’est pas synonyme d’apprentissage », déclare l’économiste en chef de la Banque mondiale, Paul Romer.

S’appuyant sur des données factuelles et des conseils recueillis durant des consultations approfondies menées dans 20 pays et associant des représentants de l’administration, d’organismes d’aide au développement, d’instituts de recherche, d’OSC et du secteur privé, le rapport énonce trois approches stratégiques :

Premièrement : apprécier les acquis pour faire de l’apprentissage un objectif sérieux.

Seule la moitié des pays dispose de critères d’appréciation permettant d’évaluer les acquis à la fin du primaire et du premier cycle du secondaire. Des évaluations bien conçues peuvent aider les enseignants à orienter les élèves, améliorer la gestion du système et amener la société à s’intéresser à l’apprentissage. Ces évaluations sont de nature à éclairer les choix stratégiques, mesurer les progrès et identifier les enfants à la traine.

Deuxièmement : mettre l’école au service de l’ensemble des apprenants.

Uniformiser les règles du jeu en réduisant le retard de croissance et en favorisant le développement des fonctions cérébrales par la nutrition et la stimulation précoces afin que les enfants soient disposés à apprendre au moment où ils commencent l’école. Attirer des talents dans l’enseignement et entretenir leur motivation en offrant aux enseignants une formation adaptée qui est renforcée par le concours de mentors. Déployer des technologies qui permettent aux enseignants d’enseigner en tenant compte du niveau de l’élève et renforcer les capacités de gestion des établissements scolaires, notamment celles des directeurs d’école.

Troisièmement, mobiliser tous ceux qui ont un intérêt dans l’apprentissage.

Recourir à l’information et aux indicateurs pour mobiliser les citoyens, accroître l’éthique de responsabilité et créer une volonté politique en faveur de la réforme de l’éducation. Associer les parties concernées, y compris les milieux d’affaires, à toutes les étapes de la réforme, de sa conception à sa mise en œuvre.

« Les pays en développement sont loin du niveau auquel ils devraient se trouver en matière d’apprentissage. Beaucoup n’y consacrent pas suffisamment de moyens financiers, et la majeure partie doit investir plus efficacement. Mais il ne s’agit pas simplement d’argent : les pays doivent aussi investir dans les capacités des institutions et des individus chargés d’éduquer nos enfants », affirme Jaime Saavedra, un ancien ministre de l’Éducation au Pérou désormais directeur principal pour l’éducation à la Banque mondiale. « Une réforme de l’éducation est nécessaire d’urgence et demande de la persévérance et un alignement politique de la part des pouvoirs publics, des médias, des entrepreneurs, des enseignants, des parents et des élèves. Tous doivent valoriser et exiger un apprentissage de meilleure qualité. »

Momar Diack SECK
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