Dur, dur pour le Pape François, un scandale financier secoue le Vatican touchant deux de ses proches

Deux livres  révèlent des frasques financières. Deux arrestations dans l’entourage papal… Le pontificat de François semble être à un tournant. Des « corbeaux » qui volent au-dessus de Saint Pierre… Des « comploteurs à la Vatileaks » nichés sous les colonnades du Bernin… Un « nid de vipères » qui se cache au cœur du Vatican… Que se passe-t-il de l’autre coté du Tibre, comme on dit à Rome quand on parle de la capitale du catholicisme ?

Il se passe que deux éminents personnages de l’entourage papal, désignés par lui pour enquêter sur les finances du Saint-Siège et faire des propositions de réformes drastiques, ont été arrêtés dimanche 1er novembre par la gendarmerie.

Le premier, monseigneur Lucio Angel Vallejo Balda, un évêque espagnol de 54 ans, qui appartient à la Société sacerdotale de la Sainte Croix (dépendante de l’Opus Dei), avait été écarté de sa charge de secrétaire de la Cosea (Commission de réorganisation des structures économico-administratives) et visiblement brûlait de se venger de l’affront.

Le deuxième est une femme, la seule appelée à faire partie de la même Cosea. Francesca Chaouqui, consultante italo-marocaine âgée de 32 ans, a été remise en liberté du fait de sa totale « collaboration » avec les enquêteurs.

Les deux sont accusés d’avoir passé des documents et fait des confidences aux deux journalistes qui sortent ce 5 novembre leurs livres dédiés à la papauté : « Via Crucis » de Gianluigi Nuzzi (Editions Chiarelettere) et « Avarizia » , signé Emiliano Fittipaldi (Editions Feltrinelli).

Ces ouvrages contiennent donc des photocopies de documents réservés qui mettent en évidence « le manque de transparence, de clarté et de propreté » dans l’Eglise (des qualités qui avaient pourtant été exigées par François lorsque la Commission fut constituée en Juillet 2013, et qui, n’ayant pas été respectées, ont conduit à la suppression pure et simple de la Cosea).

Mais le « Via Crucis » contient en plus des enregistrements du Saint-Père, seize minutes de sa voix au cours d’une réunion confidentielle du 3 juillet 2013 lorsque le pontife, confronté aux propos pessimistes de ses interlocuteurs (« Il est impossible de fournir une estimation éloquente de la réelle position financière du Saint Siège ») s’indigne vigoureusement :

« Une méconnaissance des sous-bois du Vatican »

Le livre « Avarizia » (Avarice, NDLR), ce vieux péché capital, égrène à son tour des chiffres. Effarants. Les immeubles possédés par le Saint-Siège valent 2,7 milliards d’euros, raconte Fittipaldi, mais sont déclarés pour sept fois moins. Sur les 5.050 appartements, bureaux, négoces et terrains sis à Rome, la moitié ne mentionnent même pas leur superficie. Sans oublier les comptes de l’IOR ( Institut des oeuvres de la religion, NDLR), la banque des monsignori, gérée de façon tellement désinvolte qu’elle autorise toutes les opérations de recyclage possibles et imaginables. Il y aurait d’ailleurs dans cette banque encore un compte au nom du pape Luciani, dont le pontificat dura seulement 33 jours en 1978 sous le nom de Jean-Paul 1er…

Sans oublier non plus les dépenses folles du cardinal Tarcisio Bertone, ex-secrétaire d’Etat, licencié en 2014 par François, qui a réussi à faire passer le coût des travaux de son nouveau domicile sur les comptes de la Fondation de l’Enfant Jésus, et ce pour la modeste somme de… 200.000 euros. Une somme qui aurait dû être destinée en principe aux enfants malades.

« Un portrait profondément déprimant des finances de l’Eglise », conclut le vaticaniste Marco Politi, tandis que Massimo Franco, éditorialiste du « Corriere della Sera » met le doigt sur le vrai problème : puisque les deux gorges profondes de ce nouveau scandale avaient été choisies et nommées par le Pontife en personne, « il y a dans ce deuxième Vatileaks quelque chose de plus grave que dans le précédent. Et qu’on pourrait ainsi résumer : François a maintenant prouvé sa méconnaissance des sous-bois du Vaticanet sa difficulté sérieuse à individualiser des personnes fiables ».

Une « vraie stratégie de déstabilisation est en cours »

C’est le troisième mauvais coup qu’encaisse le Pontife.

Le premier remonte au 5 octobre, peu avant l’ouverture du synode, avecle coming-out de monseigneur Charamsa qui déclara publiquement ce jour-là son homosexualité et qui pouvait conditionner lourdement les pères synodaux.

Le deuxième a la forme d’une lettre réservée au Pape, signée par 13 cardinaux et rendue publique le 11 octobre, qui dénonçait le caractère peu démocratique du déroulement du synode.

Le troisième est arrivé à une semaine de la fin du même synode avec ces arrestations.

Source tempsreel.nouvelobs.com

 

Michel DIEYE

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