L’Afrique a-t-elle pleine mesure du drame vécu par ses fils dans cette crise migratoire jamais enregistrée ? Assurément non ! Car au moment où l’Europe, supposée être une terre d’accueil pour ces désespérés s’offusque et convoque un sommet des Chefs d’Etat pour se pencher sur cette épineuse question, des leaders africains s’indignent de ne pas… être invités. Dramatique pour dirigeants sensés être les premiers interpellés sur le cas de leurs fils, des hommes qui devaient être les premiers à convoquer en terre africaine un sommet pour trouver des réponses à ce drame inqualifiable.
Cette triste réalité est ressortie du cadre des causeries que l’Institut PanAfricain de Stratégie (IPS) initie périodiquement sur des thématiques relatives aux grands défis de l’Afrique moderne.
Invité du weekend, Boubacar Sèye, le Président de Horizon sans Frontières, avait la lourde tâche de décortiquer au siège de l’IPS, ce samedi 27 juin 2015, le thème :
« Crise migratoire en Méditerranée : Quelles alternatives pour juguler le fléau face à une jeunesse africaine en proie au djihadisme ? ».
Modérée par le Président de l’IPS, le Docteur Cheikh Tidiane Gadio, la causerie s’est déroulée en présence de près d’une cinquantaine d’acteurs et de journalistes, dont l’ancien ministre Landing Savané, Son Excellence Hassane Kounou, l’ambassadeur du Niger au Sénégal, Saer Guèeye l’ancien ambassadeur des Sénégalais de l’extérieur, entres autres personnalités.
Selon Boubacar Sèye citant des chiffres officiels, il y a de nos jours, 223 millions de migrants répartis à travers le monde avec un taux de croissance annuel de 2 %. Mais rien qu’en cette année 2015, en début juin, on avait dénombré 1800 morts en mer dans des tentatives de rallier le vieux continent. La raison avancée est que l’occident est ciblé parce que 90% des richesses mondiales sont entre les mains de 10% de la population mondiale.
Ce geste de désespoir, d’après le conférencier s’explique aussi par la pauvreté cyclique et chronique qui sévit en Afrique. Avec l’absence de solutions face au chômage de jeunes, l’Europe est devenue un mirage pour de nombreux jeunes du continent, une image luxueuse selon cet Africain devenu citoyen européen, est très loin de la réalité.
Les dirigeants de ce continent s’offusquent d’être envahis, et pourtant en revisitant l’histoire, le président de HSF indique que ce drame est une tendance qui s’inverse, car l’Europe au 18é et 19 siècle, a eu à se déverser sur des continents comme l’Afrique, l’Amérique ou des milliers d’autochtones, des indiens ont été tués et spoliés de terre, et il en a été de même en Asie.
Dévoilant une subtilité, le conférencier a aussi expliqué, qu’aujourd’hui, l’Europe préfère accueillir des réfugiés qui selon les statuts doivent répondre à certains critères, et ne peuvent ni travailler, ni prétendre à un travail dans leur terre d’asile.
Parmi les interventions notées, beaucoup ont déploré l’inertie des dirigeants africains. Aucune politique migratoire porteuse d’espoir n’a été déclinée par nos gouvernants, alors qu’il « faut une mobilisation internationale, des lois universelles sur la migration, un droit à l’émigration comme celui de la libre circulation », a expliqué le président d’Horizon sans frontières dans ses recommandations.
Selon lui, il y a l’urgence d’une harmonisation des politiques migratoires du continent.
Des retrouvailles pour proposer des esquisses de solutions ont été recommandations par le modérateur, Cheikh Tidiane Gadio, un ancien ministre des affaires étrangères du Sénégal.
