Crise du Golfe en marge de la visite en France : Vous permettez Monsieur le président ! (par Boubacar Sèye)

Le  président Macky Sall en visite en France a tenu à se  justifier son  suivisme diplomatique dans cette crise diplomatique qui secoue le  Golfe, une nouvelle crise qui n’est  rien  d’autre que la continuité d’une rivalité et d’un conflit de leadership qui durent depuis les révolutions arabes.

Le président de la République du Sénégal, hors de son pays où le rappel de son ambassadeur a non seulement déçu beaucoup de ses compatriotes, mais aussi soulevé des pluies de réactions à travers la presse et les réseaux sociaux, a tenu ces propos :

«  Dakar marque ainsi sa solidarité avec des pays de la péninsule arabique et l’Egypte qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha en l’accusant de « soutien au terrorisme ».

Un aveu sur le « suivisme diplomatique », que nous, votre serviteur, avions déploré quelques jours plus tôt.

Car le Sénégal, quelques heures plus tard avait rappelé  son ambassadeur,  provoquant ainsi  une onde de choc dans tout le pays.

Retour sur les faits : L’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn et l’Egypte ont rompu ce lundi 05 Juin  leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de «  soutien au terrorisme »

Oui, Monsieur président de la République vous êtes tombé dans le piége des saoudiens qui ont orchestré  ce coup contre Le Qatar lors du sommet de RIYAD avec Donald TRUMP.

Car la monarchie conservatrice saoudienne, fer de lance du wahabisme , cherche depuis des siècles à se positionner comme leader dans la région à travers le CCG  (conseil de coopération du golfe )  composé du Koweït, du sultanat d’Oman, de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, des Émirats arabes unis et du Qatar  ) et  Doha gène.. .

 

Oui ! Rihad considère  Doha   «  comme la petite grenouille qui veut se prendre comme un  bœuf ».

On ne doit pas aider ou creuser l’écart entre des frères en brouille. Car à l’image du Maroc ou de notre république sœur la Guinée, jouer aux Sapeurs est plus valorisant diplomatiquement que d’attiser le feu, avec une position radicale.

Comme vous le dites, nous sommes dans un mois de pénitence et de grâce…

Ainsi avons-nous appris d’un islamologue cet enseignement du Saint Prophète (PSL) : A la question d’un de ses proches, «  Devons-nous aider et être solidaire avec notre frère en l’islam quand il est manifestement dans l’erreur ? »

Sa réponse toujours pleine de sagesse fut la suivante !

« Oui ! C’est surtout celui-là qui a besoin d’être soutenu ! Allez le trouver pour lui expliquer avec des paroles véridiques, mais rassurantes qu’il n’est plus sur le droit chemin. Et raccompagnez le jusqu’à ce qu’il retrouve la droiture… »

Cette sagesse appliquée à ce contexte aurait mis le Sénégal dans une position de Médiateur et aucune juste colère de part et d’autre ne vous aurait condamné !

A  l’avenir, Monsieur Président, consultez au besoin, les diplomaties des pays neutres, représentées par leurs ambassadeurs présents dans votre pays, qui maitrisent peut-être mieux les enjeux et risques. Votre ministre des Affaires étrangères et conseillers peuvent bien jouer ce rôle qui vous aurait évité la frustration de ce peuple qui vous a élu.

Nous sommes dans un pays laïc, vivant dans une symbiose entre chrétiens et musulmans, symbiose vivifiée à travers des gestes louables durant les fêtes religieuses.

Mais nous sommes dans un pays à 94% peuplé de musulmans.

Désole de le dire Monsieur le président : Le    Sénégal a vraiment raté le train dans crise en laissant même sa place de médiateur  à la Guinée,  une situation regrettable qui effrite le poids de notre pays  sur la scène  internationale.

Il vous faut revoir les axes et orientations stratégiques de notre politique  internationale et redonner au Sénégal sa grandeur d’antan, car les sénégalais voulaient un dirigeant de la rupture  et  non un président qui applique à la règle les ordres de Paris  ou de Riyad.

 

Boubacar Sèye

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