Crise au Moyen-Orient : De quoi se mêle-t-on ? (Abdou Khadre Lô)

Les réactions se multiplient depuis le début de la crise au Moyen-Orient, mais surtout suite à la décision du président Macky Sall de rappeler l’ambassadeur du Sénégal au Qatar.  Cette pertinente contribution est celle postée il y a quelques heures, dans sa page Facebook, par  Abdou Khadre Lô, le Directeur Afrique de Access Partnership, Manager Général de Primum Africa Consulting
Le Moyen-Orient est en crise. Une crise du moment causée par la rivalité idéologique, militaire, économique et géostratégique entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Une crise attisée, aujourd’hui plus que jamais, par l’Amérique de Trump.
La grande hypocrisie américaine est d’indexer l’Iran comme étant la matrice du terrorisme international. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Oui, l’Iran est proche du Hezbollah libanais et elle adoube les Frères musulmans Egyptiens. Oui, l’Iran est une vraie mascarade. Une théologie chiite qui tient le pays d’une main de fer. Elle ne vaut certainement pas mieux que l’Arabie saoudite. Mais ceux qui ont précipité les 2 avions sur le World Trade Center, ils étaient de quelle nationalité?
L’Arabie Saoudite n’est-elle pas la matrice du wahabisme rigoureux qui alimentait Al Qaeda hier, Daesh, le MUJAO et tous les mouvements jihadistes de nos jours? D’ailleurs Daesh a revendiqué les attaques d’hier à Téhéran. Tiens, comme par hasard !
En seconde lame de fond, l’Arabie Saoudite indexe à présent le Qatar comme étant le vilain petit canard qui soutient et finance le terrorisme. C’est l’hôpital qui se moque du dispensaire. L’Arabie Saoudite est réputée être, avec le Qatar, la source idéologique et financière des mouvements jihadistes.

Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?

Ah oui, Donald Trump est passé par là entre temps. Il n’aime pas l’Iran. Et le Qatar est trop « cool » avec l’Iran avec laquelle il partage un énorme champ gazier. Et comme Trump voit le monde en noir et blanc, si tu parles à son ennemi, tu es son ennemi. Et puis une tension exacerbée dans une région aussi riche, c’est toujours bon pour le business des armes. On peut en vendre un maximum aux belligérants. Officiellement aux « protégés » et officieusement aux « ennemis » par les marchands d’armes.

L’industrie gagne à tous les coups.

 
Mais le Sénégal dans tout ça?

Que vient-on faire dans cette fournaise du Moyen-Orient attisée par l’Amérique de Trum?

Sommes-nous tenus d’être des « nègres » de service?

Quelle est la pertinence pour le Sénégal de rappeler son ambassadeur au Qatar?

Ah oui ! Il faut montrer à l’Arabie Saoudite et à Trump que nous sommes du bon côté de la barrière, même si cela ne nous regarde absolument pas. Notre président était, avec d’autres chefs d’Etat africains, au fameux sommet arabo-islamo-américain, le mois dernier en Arabie Saoudite.
Alors que 190 pays observent la situation, nous sommes avec une poignée de pays riverains de l’Arabie Saoudite (plus l’île Maurice, les îles vierges et la Mauritanie) les seuls à nous solidariser avec le royaume saoudien.

En vérité, notre drame est que notre diplomatie est celle des puissants, notamment de l’axe France-Arabie Saoudite-USA. Pourtant, on peut être un petit pays pauvre mais avoir tout de même son avis propre. Les exemples ne manquent pas.
La diplomatie de la sébile peut rapporter mais ne génère jamais le respect.
Dommage pour nous !
PS: D’autres pays africains ne vont pas tarder à s’aligner.

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