Contribution: Mais …Bruno n’est pas Sonko

Qui ne saurait reconnaître l’œuvre de l’homme, la grandeur de l’individu, cette empreinte inscrite à jamais dans l’histoire de la République et marquée par elle, et qui, même longtemps après son départ éternel, continuera de nous servir comme preuve et mesure, voire comme pierre de touche de la sacralité du service public ?
En ces moments de deuil, et d’hommage, où le temps bascule, et nous révèle davantage une figure de notre quotidien, véritable légende républicaine et légende humaine simplement, la grandeur du grand homme d’Etat l’emporte sur tout jugement politique ou moral, et même sur toute interprétation de l’histoire.
Beaucoup pensent connaître en effet celui qui porte ce nom. Bruno, un nom qui sonne si familier et qui nous laisse la certitude d’une certaine intimité avec l’homme. Son calme et sa pondération légendaire se mettront au service de la République qu’il servit avec dévouement et intégrité.
Pour notre part, nous sommes convaincu que le faste avec lequel il a installé les présidents a contribué à renforcer le prestige de cette charge importante dans l’administration.

L’homme se distingue par sa méthode faite de discrétion mais d’efficacité. Au contact permanent avec les ors et les lambris, Bruno a vécu simplement, en retrait et loin de toute présomption. Voilà pour ainsi dire, la grandeur incarnée de l’humilité.
Ce que n’est pas hélas, un autre agent de cette même administration, défenestré de fraiche date, et qui se présente désormais comme demandeur du suffrage des Sénégalais.

Oui Sonko n’est pas Bruno

Qui ne saurait voir le pavé que Sonko a jeté dans la mare de l’échiquier politique se prêtant les « solutions d’un véritable » service public ?

L’homme, pendant qu’il présentait ses « Solutions » aux sénégalais et déclarait sa candidature aux prochaines échéances électorales, affirma que, depuis l’ENAM, il ne se voyait pas dans l’administration, mais qu’il y chercherait de l’expérience avant de s’en aller.
Il s’en est allé, finalement, après une simple étape professionnelle, un « passage » dans une carrière qui s’étend bien au-delà d’une conjonction provisoire et aléatoire d’intérêts économiques et personnels, mais aussi et surtout après avoir peint le portrait d’un État à la fois limité, contourné, critiqué ; sa mission particulière niée, lorsqu’ il le considère comme une entreprise, comme une famille; la spécificité de sa fonction publique est contestée, lorsqu’est envisagée sa banalisation progressive.
L’amélioration de cette administration, qui aurait pu constituer un objectif exaltant pour un fonctionnaire aimant son métier, passionnément attaché aux valeurs du service public, a été rejetée, comme l’expiation de fautes qu’il n’avait pourtant le sentiment d’avoir commises.
L’homme s’est lancé en politique. Il a en effet le sentiment qu’il pourra plus pleinement servir son pays en quittant la haute fonction publique qu’il a rejoint par manque de choix.
Choix judicieux car l’administration n’aura jamais été aussi puissante tant qu’elle ne s’épure pas et que le bon grain n’ait pas été séparé de l’ivraie, surtout en cette période de grandes découvertes de ressources naturelles et de montée de la menace sécuritaire où elle apparaît justement comme le seul pouvoir stable.

D’essence volontariste, l’action publique exige le dépassement des intérêts particuliers : dans cette perspective, elle est d’abord l’expression de la volonté générale, ce qui confère à l’État la mission de poursuivre des fins qui transcendent la somme des intérêts particuliers.
La vision hégélienne de l’État tutélaire dans lequel s’incarne l’intérêt général a pendant longtemps été dominante et ceux qui se consacrent à son service ont été et se sont identifiés à la noblesse de cette figure.
La fonction publique sénégalaise est le seul garant de la continuité de la vie nationale.
Il urge d’en rappeler les valeurs traditionnelles et cardinales : la considération première de l’usager, la prise en compte plus attentive de ses besoins et le dialogue avec lui, la recherche de l’efficacité, de l’efficience, de l’optimisation de l’usage des deniers publics, la recherche de la motivation des hommes, la responsabilité à l’égard de l’action conduite, la transparence et la volonté́ de rendre compte, le respect de la légalité, la loyauté à l’égard du gouvernement en place, le souci de l’intérêt général aussi bien dans le long terme que dans le court terme, l’intégrité́, la probité́, l’honnêteté́, la dignité́ dans l’exercice des fonctions, l’indépendance d’esprit, l’impartialité́ et l’honnêteté́ intellectuelle, le professionnalisme, l’excellence dans l’exercice du métier, la préservation de la mémoire institutionnelle et la continuité́ de l’action publique.
Toutes valeurs qui rejoignent le très haut niveau d’exigence déontologique reconnu en Bruno et renié par Sonko.
Oui, assurément, Bruno n’est pas Sonko.

ÆTERNUM VALE !

Dr Mbaye Jean Marie Diouf
Agent de l’Etat

Saër DIAL

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