Attentat suicide à tripoli, l’Etat Islamique s’intéresse à la Libye

La branche libyenne du groupe Etat islamique (EI) a déclaré la « guerre » à la puissante coalition de milices qui contrôle Tripoli, dimanche 31 mai, après avoir revendiqué un attentat suicide qui a tué cinq de ses combattants et en a blessé sept autres.

A l’aube, un kamikaze « s’est fait sauter » à bord d’une voiture « près d’un point de contrôle à une entrée de Dafiniyah », localité située entre Zliten et Misrata, à l’est de Tripoli, a déclaré un porte-parole du gouvernement basé à Tripoli et non reconnu par la communauté internationale.

Les autorités reconnues en exil

Sur Twitter, l’EI a affirmé que l’attaque avait été menée par un Tunisien identifié comme « Abou Wahib al-Tounsi » et prévenu les miliciens de Fajr Libya qu’ils devaient se préparer à la « guerre ».

Coalition de milices hétéroclites mais dont certaines sont composées d’islamistes, Fajr Libya (Aube de la Libye) a pris le pouvoir l’été dernier à Tripoli. Elle y a installé de nouveaux gouvernement et Parlement, poussant les autorités reconnues par la communauté internationale à s’exiler à Beida et Tobrouk dans l’est du pays.

Une partie du territoire contrôlé par Fajr Libya est aujourd’hui disputée par l’EI, qui a pris pied l’an dernier en Libye à la faveur du chaos qui y règne depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

Appel à la mobilisation

« Les apostats de Fajr Libya (…) doivent savoir qu’une guerre se profile pour purger la Terre de leur crasse, à moins qu’ils se repentent et retournent à leur vraie religion », a indiqué l’EI sur Twitter.

Quelques heures après l’attaque, les autorités de Tripoli ont appelé « les officiers et soldats de l’état-major de l’armée libyenne, les forces du ministère de l’intérieur et de tous les services de sécurité ainsi que les révolutionnaires du 17-Février dans toutes les villes (…) à la mobilisation urgente ». Dans un communiqué lu par son premier ministre Khalifa Ghwel, le gouvernement appelle toutes ces forces « à ne pas laisser tomber leur patrie et à être prêtes pour défendre la terre, l’honneur et la religion », se disant « déterminé à combattre la pensée extrémiste (…) jusqu’à son éradication ».

Le gouvernement de Tripoli appelle aussi la communauté internationale à soutenir la Libye face « à ce danger imminent », et « les Etats concernés par la lutte contre ce phénomène destructeur à coopérer avec nous et à nous fournir le soutien technique, logistique et en matière de renseignement ».

L’EI contrôle un aéroport

Les djihadistes contrôlent déjà des zones dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli. Ils se sont emparés ces derniers jours de l’aéroport de Syrte, duquel des combattants de Fajr Libya se sont retirés. Situé à 150 kilomètres de l’important « croissant pétrolier » libyen, c’est le premier aéroport pris par l’EI en Libye.

De son côté, le gouvernement reconnu par la communauté internationale s’est engagé samedi « à tout faire pour reprendre Syrte et son aéroport des mains des terroristes ». Il a réclamé des armes « pour combattre le plan de l’EI de s’emparer des champs de pétrole en vue de financer ses opérations ».

L’ONU tente depuis des mois de rapprocher les deux autorités afin de constituer un gouvernement d’unité nationale. Samedi soir à Tunis, à l’issue d’une réunion sous l’égide des Nations unies, des élus locaux libyens ont appelé dans une déclaration à « la formation rapide » d’un tel gouvernement d’union. L’émissaire onusien Bernardino Leon travaille sur un nouveau projet d’accord, qu’il prévoit de présenter début juin.

Source LeMonde.fr

Dieyna SENE
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