Arts et Culture: Les chainons manquants du PSE

C’est presque un gageur au pays de Léopold Sédar Senghor, de Cheikh Anta Diop et de Sembène Ousmane. Qui l’eût cru qu’un jour au Sénégal, qu’un Plan (PSE) qui a l’ambition et la volonté de nous faire sortir de nos propres pièges de sous-développement, allait exclure dans ses axes stratégiques, les Arts et la Culture?

Car, dans la déclinaison actuelle du PSE, seul l’Artisanat est pris en compte et les Arts et la Culture en sont les ‘’grands oubliés’’.

Or, il y a comme qui dirait, des lois sociologiques du développement qui expliquent aussi quelque part que si l’Occident a pu émerger, c’est parce que les Valeurs (Culture) de la Morale chrétienne, de l’Ethique protestante et  de la Mentalité juive, ont été le lit de leurs performances économiques. De même que pour certains pays asiatiques, qui se sont appuyés sur les ‘’asian values’’, les Valeurs (Culture) du Confucianisme, du Maoïsme, du Taôisme ou de l’Hindouisme, pour décoller. Donc, si nous voulons et allons décoller, la Culture (au sens de ‘’African and Senegalese values’’) sera incontournable. D’autant plus que la Culture est au début et à la fin de toute chose, disait Senghor. Pour preuve.

Culture: Diversité et Durée

Le PSE tel que décliné et en route pour sa mise en œuvre, fait plus dans l’Economisme (sciences techniques) que dans l’Economie (sciences sociales). Car, le PSE reste fortement marqué et obnubilé par la croissance du PIB et, oublie l’autre versant de l’Emergence: le versant Social, donc la Culture. Afin que comme nous le rappelle Amartya Sen, que Chacun puisse venir à ses yeux, la vie qui a un sens.

Ici, la Culture est Diversité (processus de sa construction) et Durée (profondeur de son inscription dans le temps). Car, de tout temps et en tout lieu, les Peuples ont toujours souhaité et ont toujours travaillé à consolider leurs actualités dans la continuité de leur devenir et à se projeter dans la durée de leur avenir avec autant d’amplitude que la durée de leur passé. Ici, nous sommes dans la perspective de Culture comme à la fois catégorie philosophique (morale) et modalité politique (modèle). Ces Cultures-là qui dominent le monde à travers leurs ‘’soft power’’ (anglo-saxonne, gréco-romaine).

Arts scéniques, Arts visuels et Arts du patrimoine

La Culture rentre dans la catégorie de l’immatériel. Les Arts et l’Artisanat sont dans celle du matériel. Dans cette seconde catégorie d’une totalité globalisante, seul l’Artisanat est pris en compte dans et par le PSE. Le sous- secteur des Arts (scéniques, visuels et du patrimoine), qui sont pourtant nos expressions culturelles les plus présentes, les plus immédiates et les plus visibles, celles qui nous valent beaucoup de satisfaction à l’étranger et qui sont à ce jour, le meilleur offre en termes de biens, produits et services que le Sénégal positionne sur les marchés mondiaux, a été mis de côté par le PSE. C’est tout simplement grave.

Eh oui, le Sénégal ne devrait pas se limiter à n’exporter que des ressources naturelles (minières et alimentaires) mais aussi des biens, des produits et services culturels. Surtout que le nouveau business-model de l’économie globalisée pour ces 20 prochaines années, repose à la fois sur l’Economie du Lien (économie des services) et sur l’Economie du Bien (matières premières). C’est le temps de l’Economie créatrice qui va à la rencontre de l’Economie créative. D’où toutes les bonnes cartes que le Sénégal, a en main, à travers un nouvel angle d’approche du secteur de la Culture. Et c’est fort dommage que lors de l’Exposition universelle 2015, l’ASEPEX n’ait pu comprendre que notre offre de biens, produits et services culturels, crée le Lien (par les Arts et la Culture) si efficace et subtil pour attirer le Bien (IDE et conquête des parts de marché).

Nos suggestions, propositions et recommandations

D’abord, en termes de perception et de formulation dans le PSE, on pourra compléter à l’axe stratégique ‘’Tourisme’’, avec ‘’Arts et Culture’’. Ainsi, on aura ‘’Tourisme-Arts et Culture’’.

Ensuite, nous pourrons ériger sous tutelle du ministère de la Culture, une sorte d’agence autonome d’exécution dénommée ‘’Conseil des Arts’’ qui aura comme mission, de financer et de promouvoir un Marché structuré des Arts pour l’émergence de profitables industries culturelles au Sénégal; de définir le statut de l’Artiste et de mettre le cap à la conquête de nouveaux marchés sur l’international, pour nos biens, produits et services culturels. C’est dans cette perspective que le secteur de la Culture ne serait plus au Sénégal, comme un secteur de la sinistralité mais comme un secteur à haute profitabilité économique, à haute employabilité et à fort taux de retour sur investissement.

Enfin, en externalisant et en transférant tous les enjeux d’argent, de positionnement et du Jeu des acteurs au Conseil des Arts, le Ministère de la Culture ‘’respirera’’ et aura suffisamment du temps pour préserver, promouvoir et transmettre aux générations actuelles et futures, notre patrimoine national à la fois culturel, artistique, social, matériel et immatériel, à travers l’information et l’éducation, pour une transformation des ‘’mindset’’ (mentalités) et des états d’esprit qui restaure la confiance, les valeurs et l’espoir. Afin que ce ne soit plus parce que nous avons telle tradition que nous agissons de telle manière mais, parce que nous voulons tel futur que nous agissons de telle manière. Parce que justement, l’Afrique est un continent moderne par tradition. A plus forte raison, sa porte océane, le Sénégal. Et les Africains sont ancrés dans la modernité, dans le mouvement qui est fidélité, comme aurait dit le Pr Souleymane Bachir Diagne.

Siré SY

CEO Africa WorldWide Group

www.africaworldwidegroup.com

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