Apologie de la transhumance : Des voix démontent Macky, voici leurs réactions

La sortie du chef l’État, Macky Sall, pour défendre le phénomène de la transhumance politique au Sénégal, lors de sa conférence de presse du jeudi 16 avril dernier, à Kaffrine, est loin de faire l’unanimité chez certains acteurs et observateurs de la scène politique sénégalaise. Interpellé sur ce phénomène, Abdoulaye Wilane, secrétaire national à la communication et porte-parole du Parti socialiste (Ps) et Birahim Seck du Forum civil ont tous deux pris le contrepied de Macky Sall.

Si pour Abdoulaye Wilane «Un homme qui se renie, un homme qui n’a pas de parole n’atteint même pas le rang d’un animal ou de la bête sauvage», Birahim Seck du Forum civil estime pour sa part que les propos du président de la République sur la transhumance constituent un facteur prédisposant à corruption.

Le secrétaire national à la communication et porte-parole du Parti socialiste (Ps) ne partage pas le même avis que le chef de l’État, Macky Sall concernant la transhumance politique. Interpellé sur le sujet hier, Abdoulaye Wilane n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer cette pratique aux antipodes, dit-il, de nos valeurs et principes . Pour lui, en politique, la fin ne justifie pas les moyens et ceux qui s’adonnent à cette pratique ne doivent même pas être comparés à des animaux.

«Le jeu de changement de camp à la faveur de la transhumance est l’illustration même du caractère répugnant de la manière dont on fait de la politique au Sénégal. Maintenant, les gens sont libres de chanter les vertus de la transhumance mais moi, je ne veux pas faire la promotion de ce phénomène», s’est démarqué le porte-parole du Ps. Et d’ajouter dans la foulée, «Je crois qu’au Sénégal, nous avons des valeurs et des principes qui font qu’un homme qui se renie, un homme qui n’a pas de parole n’atteint même pas le rang d’un animal ou de la bête sauvage. C’est pourquoi, je ne souhaite pas que le vocabulaire animalier s’applique à ces hommes».

Poursuivant son réquisitoire contre la transhumance, Abdoulaye Wilane, rappelant par ailleurs qu’en politique «la fin ne doit pas justifier les moyens», a tenu tout de même tenu à attirer l’attention sur l’intérêt effréné de massification à tout prix.

«Je ne vous dirais pas qu’un nouveau militant, je dis bien un nouveau militant, on en a besoin. Mais quelqu’un qui n’est pas capable de militer, qui n’est pas capable d’avoir des convictions et qui fonctionne au désir de ses intérêts, on en n’a pas besoin. La politique, c’est tellement noble qu’il serait ridicule que de vouloir à tout prix en tirer profit.

En politique, la fin ne doit pas justifier les moyens», déclare-il. «S’il y a cinq millions d’électeurs inscrits sur le fichier électoral, il y a moins d’un million qui sont des partis avec leurs cartes de membres et qu’ils animent par choix et par idéologie. Le reste de ces cinq millions tout comme le reste des quatorze millions de Sénégalais, c’est ceux-là qu’on cherche à convaincre pour qu’ils votent ».

Toutefois, Abdoulaye Wilane n’est pas le seul à prendre le contrepied du président de l’Alliance pour la République (Apr), Macky Sall, et non moins président de la République. Abondant dans le même sens que le porte-parole du Ps, Birahim Seck du Forum civil estime pour sa part que les propos du président de la République sur la transhumance constituent un facteur incitateur à la corruption.

«Nous pouvons dire que ces propos du président de la République sur la transhumance constituent un facteur prédisposant à corruption et promeut la paresse et la culture du raccourci. En somme, ils élèvent vers la tortuosité au rang des partis politiques qui proposent le contraire à tout son discours au travail», s’offusque Birahim Seck.

Estimant que ces propos du président de la République sur la gouvernance politique détonnent, le membre du Forum civil n’a pas manqué par ailleurs d’inviter les Sénégalais à la vigilance. «C’est lui-même qui disait que l’engagement politique peut bien s’accommoder de l’éthique, de la morale et de la loyauté. Ce discours sur la transhumance remet totalement en cause cette invite d’éthique politique.

Si on prend au mot ces propos du président de la République, il pourra demain revenir sur tous ses engagements faits devant le peuple sénégalais, y compris sur la réduction de son présent mandat. C’est une sorte de défiance au peuple sénégalais qui a fini de vomir ces pratiques politiques qui sont aux antidotes de la gouvernance vertueuse. Car la vertu impute indubitablement l’éthique et la morale politique».

Enfin conclut-il, «seul le président de la République est convaincu à terme que la transhumance est bénéfique pour lui. L’histoire récente du Sénégqal a montré de Diouf à Wade, que cette usage n’a jamais payé pour un président au pouvoir. Et même dans son parti, il y a des membres qui ne sont pas d’accord avec ce phénomène nocif à la démocratie et la moralisatioon de la vie publique».

Source Sudonline.sn

Momar Diack SECK
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