Afrique : un rapport de la Banque Mondiale explique comment stimuler les investissements privés dans le transport d’électricité

Dans un nouveau rapport rendu public aujourd’hui, la Banque mondiale appelle à augmenter les investissements privés dans les infrastructures de transport et de distribution d’électricité encore sous-développées d’Afrique, faute de quoi le continent ne pourra pas atteindre ses objectifs énergétiques.

Communiqué : Sachant qu’à peine 35 % de la population africaine a accès à l’électricité, et ce avec des capacités de production de seulement 100 GW, le continent est en retard sur le reste du monde. Le niveau de consommation des Africains raccordés à l’électricité est en général relativement faible et le service, peu fiable et coûteux.

Les infrastructures de transport sont un élément clé de la chaîne de valeur du secteur de l’électricité. Parallèlement à la production et à la distribution du courant, l’amélioration des infrastructures et leur déploiement sont essentiels pour remédier aux problèmes d’accès. Jusqu’ici, le transport d’électricité en Afrique a été financé sur fonds publics et les nouveaux modes de financement faisant appel au secteur privé n’ont pas reçu une attention suffisante de la part des décideurs ou des investisseurs.

Le rapport Linking up: Public-Private Partnerships in Power Transmission in Africa s’intéresseaux investissements initiés par des opérateurs privés à travers le monde, avant d’examiner si une telle stratégie serait applicable en Afrique subsaharienne, en s’inspirant de l’expérience réussie dans de nombreux pays d’Amérique latine et d’Asie.

« L’Afrique pourrait bénéficier de ces financements privés qui ont facilité le déploiement d’infrastructures de transport d’électricité dans de nombreuses régions du monde. Mais pour attirer les investisseurs, les gouvernements doivent adopter des politiques capables de sous-tendre cette stratégie et mettre en place un environnement commercial, réglementaire et juridique adapté afin de nourrir leur intérêt », souligne Riccardo Puliti, directeur principal du pôle mondial d’expertise en Énergie et industries extractives à la Banque mondiale.

On estime qu’entre 3,2 et 4,3 milliards de dollars d’investissements par an serait requis pour étendre le réseau de transport d’électricité, et ce sur la période 2015-40. Il s’agit d’opérations critiques pour fournir une énergie fiable et bon marché aux ménages et aux industries.

Le rapport s’est penché sur des projets indépendants de transport d’électricité dans cinq pays (Brésil, Chili, Inde, Pérou et Philippines), où des réformes d’envergure pour privatiser le secteur de l’énergie ont été engagées. Ainsi, le recours à des lignes de transport financées par des intérêts privés au Brésil, au Chili, en Inde et au Pérou, a permis de lever globalement plus de 24,5 milliards de dollars d’investissements privés entre 1998 et 2015 et, ce faisant, de déployer pratiquement 100 000 kilomètres de nouvelles lignes de transport.

Le rapport met en avant une série de recommandations que chaque pays pourra adapter à son contexte spécifique et souligne les dix étapes à suivre pour ouvrir le secteur du transport d’électricité à des opérateurs privés indépendants. Il faut notamment mettre en place un cadre juridique et réglementaire adapté à ces projets, introduire de nouveaux modèles de prêts à conditions de faveur, instaurer des processus d’appels d’offres, assurer un flux adéquat de recettes et prévoir des instruments de rehaussement de crédit à l’appui des projets ou encore bien sélectionner et monter les projets en vue d’attirer des investisseurs internationaux.

Oumou Khaïry NDIAYE
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