(25 janvier 2009-25 janvier 2019)-Xème Anniversaire du Rappel à DIEU du Président Mamadou Moustapha Dia

Le léopard meurt toujours avec ses tâches

Je Vous Salue, Mr Le Président ! *

Au Président Léopold Sédar Senghor-votre ami Léopold- qui vous demandait de renoncer à la politique pour obtenir votre élargissement de prison, vous lui répondîtes en substance dans votre lettre du 30 mai 1972 : « Je suis convaincu du fait que tout tourne autour de la renonciation à la politique qui m’est demandée… Je crois qu’il faut distinguer la politique en tant qu’intégration dans la cité, dans la communauté humaine…. On peut renoncer à des droits, mais comment renoncer à des devoirs ? ».

Votre niveau élevé d’exigence éthique tombe sous le sens et pour preuve lors de votre procès, le 9 mai 1963, vous disiez : « Dans le cas où il y a opposition entre le droit et la morale, je préfère rester du côté de la morale, car il n’y a pas possibilité d’existence de l’Etat sans éthique, sans respect réciproque des engagements » Ainsi donc, vous avez toujours privilégié la morale des devoirs au détriment de celle des intérêts qui constitue le principe directeur phare de nos sociétés mondialisées et appauvries par les politiques néfastes des Institutions de Brettons Woods que nos gouvernants appliquent avec un cynisme inouï depuis bientôt 56 ans. Pour concilier ces deux impératifs suscités, Il y faut un Esprit public pour citer Chateaubriand, un Etat responsable devant la Nation car pour vous le Développement n’est rien d’autre qu’un « partenariat entre l’État et la Nation ».

Monsieur le Président,

Vous avez été affublé de toutes les qualités par d’éminentes personnalités du monde politique et de celui de l’Esprit : Léopold Sédar Senghor, Jean Paul Sartre, François Mauriac, Pr François Perroux, le Père Lebret, Aimé Césaire , René Cassin, Robert Badinter, Roland Collin, Pr Makhtar Diouf… , vos frères d’âme Pr Abdoulaye Ly, Pr Cheikh Anta Diop et Pr Djibril Samb:

Homme d’Etat probe et patriote, prestigieux Économiste, Intellectuel organique, Humaniste intégral doublé d’un islamologue créatif et lucide. Point n’est encore besoin de revenir sur les vertus cardinales qui furent les vôtres et que vous vécurent intensément sans concession aucune et quelque qu’en fût le prix, notamment le ngor (dignité), le fit (courage), le jom (fierté) et le koleré (reconnaissance) .

Monsieur le Président,

Depuis votre rappel à Dieu, le 25 janvier 2009, qui laissa orphelins les patriotes progressistes, la situation politique nationale n’a guère changé fondamentalement. Le poison institutionnel du présidentialisme néocolonial (Pr Abdoulaye Ly), avorton de la Constitution de 1963 d’inspiration gaulienne, continue de tenir en bride le pays avec une remarquable capacité de résilience et, il a encore de beaux jours devant lui.

Les régimes politiques qui se sont succédés au pouvoir depuis le 1er décembre 1963 −La social-démocratie bourgeoise sénégalaise (UPS/PS) puis le social-libéralisme populiste (PDS) et son avorton social-républicain (APR) − n’ont fait qu’amplifier le phénomène et bien entendu, en profiter dés lors que le Président omnipotent (Pr Kader Boye) dispose de toutes les sources financières qui alimentent la clientèle politique.

Pourtant, Monsieur le Président, vous aviez tiré sur la sonnette d’alarme après le 19 mars 2000 suite à l’Alternance de première génération conduite par la mythique Coalition Alternance 2000 que vous aviez soutenue. Le 10 janvier 2001, après le vote de la nouvelle constitution, vous écriviez dans L’œil du Patriarche : « Sur la nature du régime, on remarque que le vote du 7 janvier 2001 instaure , non comme on le présente, un régime parlementaire rationalisé où les pouvoirs sont équilibrés, mais en réalité un régime super-présidentiel caractérisé par un centre unique de décision où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du Président de la République qui peut en repartir telle ou telle portion à qui il veut et comme il veut. Maître du calendrier électoral, maître de la composition des assemblées locales et de celle de l’Assemblée nationale, il est aujourd’hui en vérité apte a émettre des bulles papales pour décider de nous manger s’il le désire à toutes les sauces qu’il lui plaira».

La constitution issue de l’alternance du 25 mars 2012 n’a fait qu’amplifier le phénomène du super-présidentialisme malgré les recommandations de la CNRI présidée par le Pr Amadou Mactar Mbow. Le super-présidentialisme a favorisé la naissance d’un président omnipotent (Pr Kader Boye) et d’une ploutokleptocratie au service du capital étranger (surtout français) et de leurs sicaires locaux.

Les masses populaires (rurales, urbaines et périurbaines) envahies par les passions tristes telles que les avait définies Spinoza : la peur, la colère, la convoitise, le ressentiment— n’ont qu’une seule alternative : Survivre dans un pays voire un continent transformé en un centre paupérisation (Président Dia). Les institutions ne sont jamais neutres et croire le contraire relève d’une naïveté déconcertante ; ce sont elles qui créent les opportunités pour les organisations.

Les institutions seront toujours au service d’intérêts visibles ou cachés ; tout est une question de rapports de force. Il revient donc à la gauche patriotique résiduelle-celle qui résiste encore… aux effluves factices des mets de la table social- républicaine d’organiser les masses concrètes (Pr Abdoulaye Ly) alliées aux forces spirituelles et coutumières progressistes pour la mise en œuvre d’une véritable politique de justice sociale, de gouvernance vertueuse et de progrès économique arrimée sur nos valeurs authentiques de civilisation.

Monsieur le Président,

L’Etat du Sénégal dont vous êtes un des plus illustres bâtisseurs n’a pas encore jugé utile de vous rendre hommage par la dénomination d’un édifice public, d’une avenue ou d’une rue de sa capitale. Pourtant, c’est sous votre égide que Dakar devint le Chef-lieu de territoire du Sénégal à la place de la belle et distinguée Saint-Louis en 1957 après moult péripéties. Jules Ferry et Victor Hugo— des racistes notoires— y sont immortalisés seuls Voltaire et Montesquieu manquent à l’appel

Quelle honte !

Mais l’Etat du Sénégal ne sut pas que vous aviez choisi très tôt de vous installer sereinement dans l’Éternité— la grande Histoire — en laissant à d’autres les délices factices de la temporalité et ils n’ont que la mort comme horizon indépassable. Le poète-chanteur français Alain Bashung ne s’y est pas trompé : « Le problème ? Ce n’est pas de mourir mais de continuer à mourir… »

Ne retourne à l’éternité que ceux qui l’ont cherché sur terre !
Qu’Allah dans Sa miséricorde infinie continue de vous entourer de Ses grâces éternelles. J’ai aussi une pensée pieuse pour votre Ancien Chef de Cabinet et fidèle compagnon Tonton Mody Diagne qui vous rejoignit aussi dans l Éternité le 10 mai 2012.

Tous nos vœux d’Éternité Monsieur le Président !

Par Docteur Ibrahima DÈME
E-mail : idemgfatm@gmail.com

*Titre inspiré de l’éditorial de Mr Babacar TOURE : Spécial Sud Événements de 1962 Mamadou Dia : La Réhabilitation

 

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